Témoignage à Finances News à l’occasion de la parution de son numéro 1000
Finances News Hebdo compte parmi les pionniers du journalisme économique et financier, qui a contribué à la compréhension de questions considérées comme complexes et réservées aux experts et spécialistes. La réponse à cet impérieux besoin en informations s’est faite sans être ni simpliste ni abscons. Ce pari risqué l’est davantage de nos jours depuis la crise de la Covid-19, un cataclysme d’une ampleur inédite, un choc qui a ébranlé plusieurs secteurs en même temps, impliquant une déstabilisation sans précédent de l’activité économique. Celle-ci a imposé des mesures de sauvetage où le système financier joue un rôle décisif, une approche incontournable pour répondre à ce qui ne ressemble pas à une séquence classique récession/reprise. Il est question d’une situation où le virus écrit l’histoire en demandant aux économistes de réexpliquer l’économie, car il y a remise en cause des lois considérées comme des piliers de la discipline : doxa budgétaire, endettement, changement de la relation inflation / création monétaire, taux d’intérêts négatifs, limites de l’ouverture des échanges, inconvénients des délocalisations… Prenons l’exemple de la finance, à tout seigneur tout honneur ! Il s’agit d’abord du changement de stratégie des politiques monétaires inauguré par la FED, la Banque centrale américaine, qui remet en cause le principe selon lequel l’inflation accélère quand le chômage chute; cela se traduit par le fait d’accepter une inflation au-dessus de la cible (2%) pour soutenir l’emploi. L’élément nouveau est la façon dont la situation de l’emploi va influer sur les décisions de politique monétaire : le niveau du chômage va constituer un signal d’assouplissement ou de resserrement de la politique monétaire, soit un changement du mandat de la Banque centrale qui inclut un objectif de «plein emploi» et pas seulement de stabilité des prix. La Banque centrale européenne envisage également de revoir sa stratégie et de reformuler ses objectifs, compte tenu du faible niveau d’inflation en zone Euro et de l’explosion du chômage post Covid-19. Bank Al-Maghrib s’inscrit aussi dans cette tendance, comme en témoigne le recours aux instruments monétaires non conventionnels illustrés, notamment, par la forte croissance des prêts garantis. Quant au système bancaire, il a été placé au coeur du dispositif de soutien aux entreprises pour contrer la crise actuelle à travers, précisément, les prêts garantis par l’Etat, avec en arrière-plan les achats sur les marchés des titres d’Etat. Cette situation n’est pas sans risque pour la rentabilité et la solvabilité des banques. Tout dépend de la probabilité que la perfusion financière se transforme en création de richesses ou que l’endettement supplémentaire conduise à des défauts de paiement. Espérons que la solution ne devienne le problème ! La réflexion a du pain sur la planche et la Covid-19 nous redonne le goût du questionnement économique ! Il est difficile d’assimiler ce qui se passe à ce que nous connaissons déjà. Les recompositions à l’oeuvre au niveau mondial et dans notre économie ainsi que son décryptage relèvent du champ du militantisme pédagogique, où une presse comme Finances News Hebdo trouve sa place pour affaiblir «les forces obscures de l’avenir» comme l’a dit Keynes, architecte des politiques de relance.