Une nouvelle politique de l’Emploi : quelles chances de succès

Le Maroc a mal à son emploi. En ces temps incertains de sécheresses répétées, de géopolitique mouvante et de mutations technologiques; et après la période Covid qui a donné un coup de massue à l’activité économique, les indicateurs de l’emploi ne sont pas fameux. Le gouvernement vient de lancer sa feuille de route pour l’emploi. Un round up analytique, en cette veille du 1er mai.
Le Maroc a placé l’emploi au cœur de son agenda politique depuis plusieurs années, pour ne pas dire décennies, mais avec une spécificité : les politiques de l’emploi étaient centrées sur la primo-insertion des jeunes diplômés, considérée comme l’indicateur clé du marché du travail.
Il faut attendre la stratégie nationale de l’emploi 2015-2025 pour avoir une rupture avec les précédentes dans la mesure où elle a ouvert un éventail plus large de cibles sociales et a visé en conséquence une croissance riche en emplois.
Il est ardu de présenter les résultats de cette stratégie dans la mesure où la principale limite a été précisément la faiblesse d’un dispositif rigoureux de suivi. En outre, les programmes prévus comme Idmaj, Tahfiz et d’autres ont été mis en œuvre directement, à grande échelle, sans aucune expérimentation préalable, en donnant beaucoup d’importance aux réalisations des objectifs quantitatifs au détriment du qualitatif : durabilité, conditions d’insertion… De toutes façons, il suffit d’observer ce qui n’a pas changé : le sempiternel problème du chômage des jeunes diplômés et l’inadéquation entre l’offre de formation et les besoins du marché !
Ce qui a changé, en revanche, ce sont les mutations économiques, technologiques et l’émergence d’un nouveau monde.
Aujourd’hui, on a une nouvelle feuille de route pour l’emploi érigé en priorité nationale, avec une approche différenciée dans la mesure où il y a une prise en compte de la spécificité de l’agriculture et du monde rural pour lesquelles les mesures visent d’abord la préservation de l’emploi. Les zones urbaines sont concernées par l’entreprenariat : soutien aux starts-up et aux TPE, accès au financement et aux marchés publics pour les PME et surtout renforcement des compétences numériques et formation aux métiers d’avenir.
Il y a également une prise en compte des besoins différenciés des chercheurs d’emploi : jeunes, femmes, travailleurs peu qualifiés.
L’ensemble de ces mesures comporte des objectifs quantifiables pour assurer suivi et évaluation. En somme, des points forts qui ont corrigé les insuffisances de la stratégie 2015-2025.
Il est évident que tous ces engagements sont à traduire en actions concrètes et il est question de la mise en place de mécanismes de pilotage rigoureux impliquant la société civile et les partenaires sociaux afin d’ajuster les stratégies.
-> Quels sont les chiffres clés ?
Les besoins en emplois concernent la population active, soit la force de travail composée des actifs qui ont un emploi et des chômeurs disposés à travailler ; elle est estimée à 12,3 millions de personnes avec un taux de chômage de 13,3% soit environ 1,6 million de chômeurs ; d’ici 2029, la population active devrait atteindre 12,8 millions, soit 500.000 nouveaux entrants sur le marché du travail.
La feuille de route de l’emploi fixe deux objectifs : ramener le taux de chômage à 9% et créer 1,45 million d’emplois; comment ?
La question qui se pose : dans quelle mesure la croissance économique favoriserait -elle la création d’emplois ?
Avant de répondre, quelques éléments de contexte qui combinent des perspectives favorables et la persistance de handicaps à la modernisation du marché du travail.
Le Maroc est sur une trajectoire de développement, comme l’illustre le maillage des infrastructures dont les effets d’entrainement se font sentir dans la durée. Ils ont néanmoins permis la création de pôles de croissance, l’émergence de nouveaux secteurs comme ceux des énergies renouvelables, des industries de la défense et à haut potentiel, etc. Ils ont également contribué à la construction d’écosystèmes avec des échanges entre grandes entreprises et PME, comme c’est le cas pour les industries automobile et aéronautique.
À cela s’ajoute la perspective du Maroc comme pôle régional pour les investissements étrangers et l’impact de l’économie du football qui va au-delà de l’organisation de la Coupe du monde en 2030.
Les nouvelles dynamiques géopolitiques à l’œuvre représentent des opportunités pour les économies émergentes en fonction des atouts de chaque pays. Le Maroc répond à plusieurs critères de renom et reconnus et notre pays est en mesure de capitaliser sur ses atouts et sur ses fondamentaux qui sont solides.
La seconde perspective concerne le Mondial 2030 qui est certainement un booster d’une nouvelle dynamique de l’emploi dans la mesure où le football constitue un axe de la politique économique actuelle, mais l’enjeu du football est plus que ça ! son évolution est le reflet de la société. Il s’agit d’un sport mondial où puissance sportive rime avec puissance économique, il y a donc une économie du football à développer dans un marché totalement libéralisé, mondialisé et marqué par l’arrivée de nouveaux types d’investisseurs : fonds privés et fonds souverains. Mais le plus important est que le football est un puissant vecteur de soft power qui va renforcer l’image influente du Maroc.
-le second élément de contexte concerne les éléments qui handicapent la modernisation de la gouvernance du marché du travail. Deux acteurs sont concernés : le secteur informel et les PME.
1. Le secteur informel est une réponse aux dysfonctionnements : marché du travail rigide, charges sociales élevées, fiscalité lourde jusqu’à récemment où l’IS est passé à 20% pour la plupart des entreprises, démarches administratives complexes, accès difficile au financement, demande pour des biens et des services à bas prix. Les chiffres qui font consensus : une partie non négligeable de la population active travaille dans le secteur informel qui représente 30% du PIB.
2. les PME dont la défaillance freine une croissance durable et des emplois stables.
53% des PME cessent leurs activités avant d’atteindre leur 5e année selon une étude de la Banque mondiale et de l’observatoire marocain de la TPME ; les estimations récentes varient entre 34.000 et 40.000. Les raisons sont connues : délais de paiement, faible accès au financement et aux marchés publics, fonds propres insuffisants, faiblesses des business plans, mauvaise gestion de trésorerie, manque de compétences, gouvernance familiale non professionnelle, mauvaise anticipation des risques, concurrence déloyale du secteur informel…. À cela s’ajoute aujourd’hui la capacité d’une entreprise à se mobiliser dans un marché imprévisible.
Les dangers qui guettent l’entreprise sont donc multiformes et rendent difficile la mise en œuvre de la feuille de route de l’emploi, d’où l’impératif d’évaluer la capacité de l’économie marocaine, telle qu’elle est aujourd’hui, à atteindre les objectifs de cette feuille de route.
La réponse dépend, sur le plan interne, du choix des investissements et de l’élasticité emploi- croissance qui est actuellement de 0,23 c’est-à-dire qu’une augmentation de 1 % du PIB entraine un accroissement de 0,23 % de l’emploi.
Les économistes disposent de modèles et de techniques économétriques qui permettent d’estimer l’élasticité emploi- croissance et d’établir des scénarios prospectifs pour le marché du travail.
Comme l’objectif de la nouvelle stratégie est de ramener le taux de chômage à 9%, il faudrait réaliser une croissance annuelle du PIB réel de 7,9% compte tenu de l’élasticité actuelle de l’emploi selon le Policy Center of the New South. Il faut aussi préciser que les risques baissiers de la croissance concernent davantage la faible croissance en Europe que la contraction de la production agricole.
Les besoins en emplois concernent la population active, soit la force de travail composée des actifs qui ont un emploi et des chômeurs disposés à travailler ; elle est estimée à 12,3 millions de personnes avec un taux de chômage de 13,3% soit environ 1,6 million de chômeurs ; d’ici 2029, la population active devrait atteindre 12,8 millions, soit 500.000 nouveaux entrants sur le marché du travail.
La feuille de route de l’emploi fixe deux objectifs : ramener le taux de chômage à 9% et créer 1,45 million d’emplois; comment ?
La question qui se pose : dans quelle mesure la croissance économique favoriserait -elle la création d’emplois ?
Avant de répondre, quelques éléments de contexte qui combinent des perspectives favorables et la persistance de handicaps à la modernisation du marché du travail.
Le Maroc est sur une trajectoire de développement, comme l’illustre le maillage des infrastructures dont les effets d’entrainement se font sentir dans la durée. Ils ont néanmoins permis la création de pôles de croissance, l’émergence de nouveaux secteurs comme ceux des énergies renouvelables, des industries de la défense et à haut potentiel, etc. Ils ont également contribué à la construction d’écosystèmes avec des échanges entre grandes entreprises et PME, comme c’est le cas pour les industries automobile et aéronautique.
À cela s’ajoute la perspective du Maroc comme pôle régional pour les investissements étrangers et l’impact de l’économie du football qui va au-delà de l’organisation de la Coupe du monde en 2030.
Les nouvelles dynamiques géopolitiques à l’œuvre représentent des opportunités pour les économies émergentes en fonction des atouts de chaque pays. Le Maroc répond à plusieurs critères de renom et reconnus et notre pays est en mesure de capitaliser sur ses atouts et sur ses fondamentaux qui sont solides.
La seconde perspective concerne le Mondial 2030 qui est certainement un booster d’une nouvelle dynamique de l’emploi dans la mesure où le football constitue un axe de la politique économique actuelle, mais l’enjeu du football est plus que ça ! son évolution est le reflet de la société. Il s’agit d’un sport mondial où puissance sportive rime avec puissance économique, il y a donc une économie du football à développer dans un marché totalement libéralisé, mondialisé et marqué par l’arrivée de nouveaux types d’investisseurs : fonds privés et fonds souverains. Mais le plus important est que le football est un puissant vecteur de soft power qui va renforcer l’image influente du Maroc.
-le second élément de contexte concerne les éléments qui handicapent la modernisation de la gouvernance du marché du travail. Deux acteurs sont concernés : le secteur informel et les PME.
1. Le secteur informel est une réponse aux dysfonctionnements : marché du travail rigide, charges sociales élevées, fiscalité lourde jusqu’à récemment où l’IS est passé à 20% pour la plupart des entreprises, démarches administratives complexes, accès difficile au financement, demande pour des biens et des services à bas prix. Les chiffres qui font consensus : une partie non négligeable de la population active travaille dans le secteur informel qui représente 30% du PIB.
2. les PME dont la défaillance freine une croissance durable et des emplois stables.
53% des PME cessent leurs activités avant d’atteindre leur 5e année selon une étude de la Banque mondiale et de l’observatoire marocain de la TPME ; les estimations récentes varient entre 34.000 et 40.000. Les raisons sont connues : délais de paiement, faible accès au financement et aux marchés publics, fonds propres insuffisants, faiblesses des business plans, mauvaise gestion de trésorerie, manque de compétences, gouvernance familiale non professionnelle, mauvaise anticipation des risques, concurrence déloyale du secteur informel…. À cela s’ajoute aujourd’hui la capacité d’une entreprise à se mobiliser dans un marché imprévisible.
Les dangers qui guettent l’entreprise sont donc multiformes et rendent difficile la mise en œuvre de la feuille de route de l’emploi, d’où l’impératif d’évaluer la capacité de l’économie marocaine, telle qu’elle est aujourd’hui, à atteindre les objectifs de cette feuille de route.
La réponse dépend, sur le plan interne, du choix des investissements et de l’élasticité emploi- croissance qui est actuellement de 0,23 c’est-à-dire qu’une augmentation de 1 % du PIB entraine un accroissement de 0,23 % de l’emploi.
Les économistes disposent de modèles et de techniques économétriques qui permettent d’estimer l’élasticité emploi- croissance et d’établir des scénarios prospectifs pour le marché du travail.
Comme l’objectif de la nouvelle stratégie est de ramener le taux de chômage à 9%, il faudrait réaliser une croissance annuelle du PIB réel de 7,9% compte tenu de l’élasticité actuelle de l’emploi selon le Policy Center of the New South. Il faut aussi préciser que les risques baissiers de la croissance concernent davantage la faible croissance en Europe que la contraction de la production agricole.
Dans la première partie de ce texte, et après avoir dressé un état des lieux et rappelé les principaux indicateurs de l’emploi ainsi que les politiques gouvernementales, Nezha Lahrichi conclut la première partie de cette manière: « Pour augmenter l’emploi, il faudrait donc une accélération significative de la croissance avec une augmentation de l’élasticité emploi-croissance ».
Pour augmenter l’emploi, il faudrait donc une accélération significative de la croissance avec une augmentation de l’élasticité emploi-croissance, c’est-à-dire faire le choix -en plus des investissements très capitalistiques en cours et projetés, réalisés en grande partie par le secteur public- d’opter pour des investissements à forte intensité d’emplois.
Ils concernent les industries locales, les services (commerce et distribution, tourisme et restauration), l’agro-industrie…. autant de secteurs qui supposent l’amélioration de l’environnement des affaires et la réduction des rigidités du marché du travail.
-> C’est précisément le choix du gouvernement en optant pour la promotion des PME et des TPE.
Deux mesures notamment répondent à cet objectif :
1- Le dispositif d’appui dédié aux TPME prévu par la charte de l’investissement qui prévoit un montant de 12 milliards de DH et concerne les entreprises ayant un chiffre d’affaires compris entre 1 et 200 millions de DH ; il vise un changement de palier dans la création d’emplois via les CRI, Maroc PME ainsi que les commissions régionales unifiées de l’investissement seules habilitées à examiner les projets d’investissement.
2- l’appel au secteur bancaire pour contribuer à la création d’emplois à travers l’accès au financement des TPE. Il s’agit de la mise en place par Bank al-Maghrib, d’un dispositif de financement des très petites entreprises. Le refinancement des banques participantes se ferait à un taux préférentiel égal au taux directeur minoré de 25 pbs, soit 2% actuellement, augmenté de la marge des banques pour avoir le taux client.
Précisons que l’accès des TPE au financement bancaire n’est pas une évidence. Les crédits Covid sont marqués par une sinistralité élevée et les banques ont un problème de provisionnement compte tenu des capacités objectives et des conditions d’indemnisation de Tamwilcom (ex Caisse Centrale de Garantie) et du renforcement des normes prudentielles. Il s’agit d’un nouveau processus d’évaluation prudentielle dit SREP (Supervisory Review Evaluation Process) dont l’objectif est de renforcer la résilience des banques face aux risques observés et anticipés !
Développer un lab-action pour tester et ajuster avant de déployer
-> Comment transformer la vision stratégique en actions concrètes ? Quel est le grand défi de la mise en œuvre de la feuille de route Emploi ?
Le dispositif prévu repose sur TROIS niveaux du sommet à la base :
–un comité interministériel présidé par le chef du gouvernement, dont les missions sont l’arbitrage, la cohérence de l’action gouvernementale et l’impulsion de nouvelles actions si nécessaire.
-un comité de suivi et de pilotage en charge du suivi opérationnel.
Il y a lieu de souligner qu’hormis les think tank ou laboratoires d’idées qui élaborent des visions stratégiques, il existe des think act ou laboratoires d’actions qui mettent en œuvre les idées retenues : expérimenter avant de généraliser; les exemples sont nombreux en Inde, au Rwanda , en Colombie … l’idée est de développer un lab -d’action pour l’emploi inclusif conçu pour tester, ajuster avant de déployer des solutions directement sur le terrain en partenariat avec les acteurs locaux.
-une unité de collecte et d’analyse des données qui est une condition impérative pour le succès de la FRE : un chômeur qu’on connait, qui a une famille à sa charge et une mère ou un père malade, est un drame, une tragédie ! Un million de chômeurs est une statistique ! L’IA est une chance pour assurer un suivi personnalisé à tous les demandeurs d’emplois.
A ce niveau, il est prévu que l’interopérabilité jouera un rôle crucial dans la gouvernance du marché du travail avec l’appui de l’intelligence artificielle et de l’Agence de développement du digital qui a un rôle clé à jouer dans la mise en œuvre de la plateforme nationale d’interopérabilité (PNI).
Mais il serait judicieux de créer un observatoire de l’emploi et des compétences par région : au-delà de l’objectif de suivi de TOUS les chercheurs d’emplois, l’intérêt d’un observatoire régional est d’identifier les freins spécifiques à l’emploi dans chaque région : mobilité, niveau de formation, inadéquation offre–demande, et ce en croisant les données socio-économiques et comportementales.
Un portail intelligent alimenté par l’IA pourrait offrir un accompagnement numérique personnalisé qui n’exclut pas un accompagnement humain adapté pour celles et ceux qui ne maitrisent pas l’outil informatique. L’idéal serait la mise en place d’un modèle hybride, adapté au contexte culturel marocain, avec une existence physique dans le cadre des CRI ou des délégations régionales du ministère du travail.
Un tel dispositif est en mesure de créer un profil dynamique de chaque chômeur : formation, compétences, expérience, historique de recherche d’emploi. À partir de ce profil, des algorithmes peuvent proposer des formations ciblées et des offres d’emploi adaptées.
Les chatbots, des assistants virtuels, peuvent orienter les demandeurs d’emploi 24h/24 vers les bonnes formations, par exemple, et tout ce qui est disponible dans leur région.
L’IA peut également faire des prévisions de trajectoires via des modèles prédictifs qui peuvent estimer les probabilités de retour à l’emploi selon les parcours et suggérer des stratégies d’insertion efficaces.
L’IA peut aussi faire une analyse en temps réel du marché du travail à partir de toutes les données disponibles : offres d’emplois, annonces en ligne, données de entreprises, etc Elle peut aider à créer une cartographie régionale des secteurs en croissance et des métiers en évolution.
Ce que permet aussi l’IA, c’est de faire une simulation d’impact des mesures prévues par les politiques d’emploi avant leur mise en œuvre ! Ce dispositif hybride qui donne une place à l’humain permet de prendre en considération les institutions invisibles : c’est toute la relation entre l’État et le citoyen qui est réinventée !
-> Quelle place pour le non-économique et l’invisible ?
Généralement ne sont évoquées que les institutions formelles qu’on peut atteindre par décrets et lois. or pour expliquer la résistance d’une économie à accéder à un niveau de développement supérieur et à créer des emplois, il faut prendre en considération également les institutions informelles qui sont réfractaires au changement ; elles sont invisibles et constituées par la nature et la qualité des relations entre individus et surtout entre individus et organisations : autorité, confiance, légitimité, etc qui s’imbriquent pour constituer un système !
-c’est pour dire que le processus de croissance varie dans chaque société. Il reflète la diversité des héritages culturels et des modèles mentaux sous-jacents au comportement des hommes et des femmes.
– c’est pour dire aussi que, derrière les chiffres et les systèmes d’information, il y a des hommes et des femmes, des ruraux et des urbains, des adolescents et des jeunes qui vivent pleinement la révolution numérique. Il s’agit d’une révolution des pouvoirs qui pose la question de l’autorité et de l’autonomisation dans leurs prises de décision.
En définitive, aucun modèle économique ne peut saisir les arcanes de la croissance économique au sein d’une société donnée ! Au Maroc, les insuffisances concernent les chiffres, en l’occurrence, les enquêtes sur l’emploi qui sont établies sur un système déclaratif et le calcul du PIB qui ne capte pas la totalité de la richesse nationale.
Les enquêtes de l’emploi sont effectuées par sondage
Les politiques de l’emploi sont basées sur des enquêtes et des recensements, c’est-à-dire des statistiques ! Est-ce que ce dispositif permet d’appréhender les réalités du marché du travail? d’une façon générale, le dispositif statistique connait des insuffisances qui concernent, hormis l’informel, l’emploi, le chômage et les compétences.
Les enquêtes sur l’emploi sont des enquêtes par sondage qui permettent de capter à la fois les emplois formels et informels mais elles sont basées sur un système déclaratif qui comporte forcément un biais déclaratif qui minimise, exagère ou cache un emploi non déclaré ; même si ces biais sont pris en compte, deux enjeux persistent :
-Le premier est de trouver le moyen de révéler les comportements non appréhendés par les chiffres, comme les stratégies d’auto-emploi par exemple, ou encore les freins culturels à l’emploi des femmes.
-Le second enjeu est de saisir les nouvelles réalités du marché du travail et ses nouvelles dynamiques comme le freelancing, le télétravail et tout ce qui relève du digital.
Une enquête sur les perceptions des chômeurs sur le chômage, une première du genre, a été menée dans la région de l’Oriental qui affiche un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale : 17,4% contre 11,8 % pour l’ensemble du pays en 2022 date de réalisation de l’enquête. L’idée est de mettre le doigt sur le ressenti des chômeurs dans cette région :
-la démarche pour chercher un emploi s’appuie sur des initiatives personnelles : contacts directs, amis, internet, presse etc . Seuls 12% effectuent des démarches auprès de l’Anapec !
-60% déclarent vouloir travailler dans une autre région,
-un chômeur sur deux a l’intention d’émigrer,
– le taux de chômage est également élevé en milieu rural, ce qui n’est pas le cas dans le reste du pays.
-3/4 souffrent de problèmes psychologiques.
Autant d’éléments qui illustrent l’impératif d’un suivi personnalisé et d’un accompagnement concret en mesure de redonner confiance et de développer un mental positif.
→La sous-évaluation du PIB, un agrégat important à qui on délègue la prise de grandes décisions !
Le PIB est au dénominateur d’une saga de ratios. Or, son calcul est ramené à la production marchande alors que les imperfections concernent également les productions matérielles, hormis les activités du secteur informel.
Ainsi, le calcul de l’investissement privé pose problème alors que la charte de l’investissement et le Nouveau modèle de développement le placent au cœur de la création des richesses et de l’emploi ; son estimation est indirecte, elle est opérée via la méthode des biens durables : ventes d’équipements, matériaux de construction, véhicules utilitaires, à laquelle on peut ajouter les données fiscales et les enquêtes de conjoncture, mais ces approches restent indirectes et donc incomplètes.
Il est évident que la modernisation des outils statistiques suppose la formalisation de l’économie, mais il faut aussi préciser que le calcul du PIB est régi par des normes internationales et les mêmes bases conceptuelles qui ne correspondent pas toujours aux réalités des pays en voie d’émergence : les statistiques économiques sont affaire de conventions !
Source Medias24 :
Une nouvelle politique de l’Emploi : quelles chances de succès (1/2)
Une nouvelle politique de l’Emploi : quelles chances de succès (2/2)