A propos de la Smaex

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La gestion de la Société Marocaine d’Assurance à l’Exportation (SMAEX) pendant plus de six années a été une expérience ressource qui a permis à ma volonté d’agir et de réformer de s’exprimer mais aussi une expérience où j’ai pu mesurer combien le processus décisionnel des pouvoirs publics peut entraver des évolutions nécessaires, je suis adepte de l’idée que sans le soutien du politique , le succès d’une entreprise de changement est difficile. Je l’ai validée.

La mission de la SMAEX consiste à assurer le crédit accordé par un exportateur à son client étranger ; mais derrière cette définition simple se cache une technique compliquée et une perception ambiguë de cette couverture du risque d’impayés lié au crédit inter-entreprises.

2-Un métier compliqué car la prise de risque se fait exclusivement sur la base de l’information, qui concerne aussi bien l’entreprise étrangère que le pays où elle se trouve, sans aucune garantie réelle ; si l’assureur ­crédit se trompe, il paie !

-Une perception ambiguë parce que ce métier propose la prévention avant l’assurance cad l’évaluation de la capacité du client à honorer ses engagements. Cette prévention repose sur la sélection du client dans la mesure où les demandes de garantie sur les acheteurs étrangers font l’objet d’études et de recherches approfondies pour obtenir l’information de solvabilité, la traiter et qualifier les acheteurs.

La sélection du risque permet d’écarter de la garantie des entreprises menacées ou peu sûres, ce en quoi elle n’est pas systématique, d’où la croyance qu’il s’agit d’une assurance qui ne couvre que les bons clients sûrs et solvables, une croyance qui a impliqué un effort soutenu de communication et une démarche pédagogique pour lever cette ambiguïté qui avait terni l’image de la société des années durant.

La gestion de la SMAEX pour en faire un véritable outil de promotion des exportations, a permis de relever notamment deux grands défis :

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  • la mise en œuvre de plusieurs actions de restructuration pour redresser un chiffre d’affaires en baisse au moment où la société sortait de sa situation de monopole ; le changement de palier au niveau des principaux indicateurs de la SMAEX atteste des résultats obtenus.
  • ­l’application du principe de la bonne gouvernance en faisant la chasse aux conflits d’intérêts ; juste avant ma prise de fonction, l’ouverture du capital de la SMAEX à un assureur crédit espagnol de petite taille s’est faite sans la prise en considération de l’incompatibilité avec la présence de l’assureur­crédit français(COFACE) dans le capital de la filiale d’information de la SMAEX ; à cela s’ajoute le fait que les économies marocaines et espagnoles sont concurrentes et ciblent les mêmes clients étrangers. En outre cette ouverture a fait perdre à l’Etat son rôle d’actionnaire de référence alors que la SMAEX gère un fonds public ce qui allait se traduire par une privatisation rampante compte tenu de l’extrême éclatement de l’actionnariat de la SMAEX et de la liberté de transfert entre actionnaires.

Les actions menées ont permis à l’Etat de retrouver son positionnement ce qui d’ailleurs s’est traduit par ma démission du parlement, la participation de l’Etat étant devenue supérieure à 30%, seuil à partir duquel il y a incompatibilité des deux fonctions ; en revanche , elles n’ont pas pu faire retrouver à la société son indépendance pour lui permettre de nouer des partenariats avec l’un ou l’autre des deux grands assureurs-crédit qui dominent le marché international.( voir ci-dessous : Analyse stratégique de la SMAEX )

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Mon souci constant et sans relâche de nouer un tel partenariat était sous tendu par la perspective de la réalisation d’un axe stratégique du développement de la SMAEX celui de la création d’un groupe avec toute la chaine de valeur : information, assurance crédit et systèmes de notations ; cette ambition visait un saut qualitatif qui devait être réalisé en synergie avec le dispositif technologique du Conseil National du Commerce Extérieur(CNCE) que je présidais également ; l’ambition est le développement de notre propre système d’évaluation des risques et de notation des pays car cette notation reste tributaire de l’appréciation de l’assureur­crédit qui l’établit.

L’objectif ultime de cette démarche est, en utilisant nos propres lunettes, l’accompagnement des exportateurs et des investisseurs en Afrique, dont les opportunités n’ont d’égales que les risques qu’elles comportent : avant d’être une technique, l’assurance-­crédit a d’abord une dimension politique en étant l’outil de promotion des exportations et des investissements, c’est pourquoi elle a été l’émanation du pouvoir politique dans plusieurs pays.

CF,Cliquer-Ici :Allocution de la présidente de la SMAEX lors du colloque organisé en partenariat avec La COFACE Crédit alliance à Casablanca en Mai 2012

Aujourd’hui, le premier assureur crédit a obtenu son agrément pour opérer sur le marché marocain et a rejoint l’autre grand assureur déjà installé depuis plusieurs années , les deux se développent et gagnent des parts de marché.

Quant à la SMAEX, elle a liquidé sa filiale « Recours », une société d’informations économiques, financières et de recouvrement, créée en 1993 et précurseur du renseignement structuré au Maroc, ce qui lui a permis d’avoir un acquis précieux, celui de l’expérience de paiement.

La société Recours disposait d’une base de données couvrant des milliers d’entreprises et dont les rapports de solvabilité et la notation conditionnent les crédits fournisseurs accordés aux importateurs marocains ; c’est pourquoi la SMAEX était une institution au service de tous les opérateurs du commerce extérieur et pas seulement des exportateurs.

En outre cette société était le premier pilier du projet de création de l’assurance­ crédit domestique pour une offre globale aux opérateurs économiques à l’instar des grands assureurs­crédits Un projet non abouti car il est conditionné par l’obtention d’un agrément du Ministère de tutelle.

La vision stratégique dans laquelle s’était inscrit le devenir de cette société, notamment en anticipant son rôle crucial en Afrique, n’a pas abouti faute du soutien du politique : énorme perte de capital immatériel et d’accumulation, clé du développement !

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